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19 juin 2007 2 19 /06 /juin /2007 22:05

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Rivières à saumons ou à truites de mer?

Les fleuves côtiers de la Manche-est, de la baie de Seine au Pas-de-calais, abritent les plus importantes populations françaises de truites de mer. Bien que partout également présent, le saumon n’y représente que quelques pour cent du stock total de salmonidés migrateurs. Plus à l’ouest par contre, les rivières du massif armoricain sont à nettes prédominance de saumon, depuis les rivières en renouveau de l’est Cotentin (Vires, Saires, Douve) jusqu’aux cours d’eau bretons aux populations encore fonctionnelles.

Cette répartition entre rivières à truites de mer et rivières à saumon apparaît alors assez nettement définie par la géologie, avec prédominance de la truite de mer sur les rivières calcaires sédimentaires et le saumon sur les rivières du socle ancien, aux roches dures.


Chaque type de cours d’eau répond en effet de manière sensiblement différente aux exigences écologiques et comportementales des juvéniles des deux espèces.

Les jeunes saumons exploitent des habitats très spécifiques, l’habitat de référence étant les radiers grossiers de pierres et galets des rivières où les fortes vitesses et la largeur du lit leur assurent une quasi-exclusivité de l’occupation de l’espace, limitant ainsi compétition inter-spécifique et prédation. La capacité du chenal très courant à offrir des abris définit ainsi directement l’abondance de jeunes saumons qui, en situation optimale, peut être élevée, supérieure à 1 individu par m2, comme sur la Sée.

Le comportement plus agressif de la truite lui permet par contre d’établir des territoires plus confortables dans des milieux à plus faible vitesse de courant, près des berges. Elle exploite aussi plus largement le réseau hydrographique, notamment le chevelu des affluents et ruisseaux, dont la faible hauteur d’eau estivale des radiers ne convient pas aux jeunes saumons.

La géologie détermine directement la nature du substrat des habitats frayères et nourriceries, principalement les radiers. Sur le socle ancien, les roches dures fournissent une granulométrie des habitats courants à dominante de pierres et gros galets, très favorable à une exploitation complète du chenal courant par les jeunes saumons qui y trouvent une mosaïque d’abris. Les radiers de galets et graviers de silex des rivières sédimentaires, excellentes frayères, présentent par contre peu d’abris dans un chenal à courant toujours très soutenu, et parfois colmaté par les concrétions calcaires: la capacité d’accueil s’y trouve ainsi surtout en berges, postes de prédilection des truites.

Par ailleurs, les différences de régime thermique (eaux moins froides en hiver et plus fraîches en été sur les rivières calcaires) pourraient également favoriser l’une ou l’autre des deux espèces, tant au niveau de l’incubation et du développement embryonnaire que de la croissance juvénile.

(source ONEMA)

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