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27 juillet 2007 5 27 /07 /juillet /2007 11:43
Les grands préparatifs pour le passage en mer
 
Normalement, un poisson d'eau douce ne peut pas survivre dans l'eau de mer : la trop forte différence de concentration en sels minéraux entre le corps du poisson habitué à l'eau douce et le milieu marin provoque un déséquilibre entraînant des pertes d'eau interne ; le poisson meurt rapidement par déshydratation.
 
Les salmonidés migrateurs ont mis en place des mécanismes de pré-adaptation physiologique et physique permettant aux jeunes passant en mer d'anticiper, et donc de réguler efficacement cette brutale variation de pression osmotique : c'est le phénomène de la smoltification.
 
Truitelle3.JPG
 
En fin d'hiver, c'est une véritable métamorphose qui s'opère chez la truitelle, future truite de mer, placée sous contrôle hormonal et nerveux, et synchronisée avec les facteurs de l'environnement : augmentations de la température des eaux et de la durée du jour. 
 
En 3 à 4 mois, les changements sont spectaculaires sur tous les plans : 
 
- physique: le corps s'allonge, les nageoires se décolorent et la robe devient très brillante (dépôts argentés de guanine sur les écailles qui favorisent le mimétisme en mer et surtout renforcent la protection physique vis-à-vis de l'eau de mer)
 
- comportemental: la truitelle, auparavant territoriale et benthique (vivant postée près du fond), devient grégaire (les poissons se regroupent en bancs, réflexe anti-prédateurs) et pélagique (vivant en pleine eau), incapable de se maintenir dans les courants vifs des rivières (refus de nage rapide).
 
- physiologique: l'activité des branchies, principale surface d'échange entre le poisson et l'eau environnante, s'inverse et s'amplifie pour permettre l'élimination à venir des sels marins ; de nouveaux flux hormonaux s'établissent, avec notamment une forte production d'hormone de croissance ainsi que de substances renforçant la mémorisation de l'environnement (ce qui permettra au poisson devenu adulte de retrouver SA rivière).
 
- croissance: la croissance rapide du smolt est très liée à l'acquisition de l'euryhalinité (capacité à supporter à la fois les milieux eau douce et eau de mer et à s'y adapter) ; le smolt, encore en eau douce, présente déjà une accélération de croissance qui se poursuivra par une des croissances marines les plus rapides (les mortalités par prédation en sont réduites) ; l'activité alimentaire est alors intense.
   
La smoltification transforme la truitelle en véritable poisson marin, apte à s'adapter, croître et survivre dans un milieu totalement différent de celui où elle est née et où elle a grandi.
 
Un smolt "vrai" peut alors être considéré comme un poisson marin qui "survit" en eau douce ; il quitte la rivière parce qu'il s'y trouve en situation de véritable stress, incapable de continuer à se maintenir vis-à-vis du courant et d'y croître correctement. 
 
Le déclenchement de la dévalaison vers la mer intervient à maturité physiologique du smolt et en réponse à des facteurs environnementaux, augmentation de température et/ou des débits. La dévalaison se déroule chaque année de fin février à mi-mai, avec un pic marqué 1ère ou 2ème quinzaine d'avril. Les smolts les plus âgés (2 ans sous nos latitudes) et les plus gros descendent préférentiellement en début de période, remplacés progressivement par les plus jeunes et plus petits (1 an). 
 
La smoltification chez la truite de mer répond aux mêmes mécanismes que chez le saumon atlantique, mais avec des intensités généralement moindres. L'émigration en mer de l'espèce truite n'étant pas vitale mais davantage optionnelle.
 
Différencier la truite fario, la truite de mer et le saumoneau
 
La truite fario est facilement reconnaissable à sa robe marquée de points rouges et noirs auréolés de taches plus claires ; au-dessous de la ligne latérale la couleur est légèrement jaune vert. La nageoire adipeuse est bordée d'un liseré rouge orangé et les nageoires pectorales pelviennes et anales sont elles aussi de couleur orangée.
  
La truite de mer (de même souche que la fario) de par le phénomène de la smoltification prend une robe argentée et brillante. Les nageoires blanchissent mais le liseré orangé persiste sur l'adipeuse avant la première dévalaison en mer. La bouche comme celle de la fario est assez grande et la commissure dépasse l'aplomb de l'œil
  

tacon4.jpg



Le saumoneau est beaucoup plus fuselé et moins massif que la truite de mer. Les nageoires pectorales sont plus grandes, la caudale est plus en forme de v et l'adipeuse est complètement grise. Enfin la bouche est plus petite, la commissure ne dépassant l'aplomb du milieu de l'œil.

(source: ONEMA par Françoise FOURNEL et Arnaud Richard)

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